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Portrait de l'artiste

Sa jeunesse, un œil rivé sur la Seine

Jean Constant Raymond Fontanet naît le 2 juin 1879 à Bétheny, près de Reims. Sa sœur jumelle, Valentine, décède l'année suivante à 18 mois. Ses parents, Martin Fontanet, ingénieur civil, et Marie Gilberte Chaudouet résident, près de Grenelle à Paris. Sa mère est issue d'une famille d'Andrésy, au Confluent de la Seine et de l'Oise dans les Yvelines.
Renefer dessine dès son plus jeune âge mais il doit suivre une formation d'ingénieur-architecte selon la volonté de son père. Il rejoint les Beaux-Arts de Paris dans la classe de Paulin, le jeune étudiant aime déjà longer les berges de la Seine et prendre ses crayons pour capter les reflets et la lumière de ses quais. Contre la volonté de ses parents, il décide de suivre une carrière artistique et prend le nom de RENEFER.
 

L'artiste habite Paris pendant plus de 50 ans et restera attaché à dessiner et peindre les paysages urbains avec une prédilection pour les berges de la Seine, des quais de Javel au pont de l'Alma, mais aussi Saint-Lazare, les Batignolles, Montmartre et les canaux. Il rend régulièrement visite à son oncle à Andrésy où il s'installe définitivement en 1942.

« Renefer le connaît si bien, le vieux fleuve. Apte à dégager sans hésitation les seules dominantes indispensables et suffisantes, ce peintre – et ce graveur dont l’œuvre est énorme – allie la puissance et la délicatesse par des inexplicables sortilèges qui caractérisent les paroxysmes artistiques ».

JM Campagne pour "Renefer, Paysages de l'Île-de-France", Galerie des Trois Quartiers, Paris, 1944

1ers succès parisiens d'un artiste libre

Ses premières expositions, des croquis et gravures de Paris, ont lieu dans l'atelier parisien de l'architecte et aquarelliste Maurice Yvon dont il épouse la fille Yvonne (Aujourd'hui, dans le prolongement de la rue de la Tour, se trouve la rue Adolphe‐Yvon, père de Maurice, qui est principalement connu pour ses peintures de batailles.)

Le jeune couple habite rue de la Tour et donne naissance à une fille en 1908, Raymonde Augustine, aussi appelée Mondinette ou Belle Petite Monde

Renefer participe à de très nombreux salons parisiens. Dès 1904, remarqué pour la qualité de ses estampes, il devient sociétaire du Salon des Artistes français. Il rejoint rapidement la Société des Peintres et Graveurs de Paris. Deux ans plus tard, le jeune artiste entre au Salon d'Au-tomne pour y exposer pendant quatre décennies.

En 1909, il devient un membre actif du Salon des Indépendants auprès de Paul Signac. Nouveau sociétaire, Renefer est tour à tour membre du comité, secrétaire rapporteur, trésorier et membre de la commission de placement. En 1951, il en devient membre d'honneur, une exposition posthume est organisée après sa disparition. 

Entre 1908 et 1956, l'artiste prolifique aura exposé entre 10 et 20 nouvelles œuvres par an dans les salons les plus importants de cette époque, et dans de nombreuses Galerie.

« Renefer dépasse le métier (enfer et délices des peintres) par quelque chose de plus qu’avait Corot et qui vient droit au cœur. La mesure d’un art précis, intime et savoureux où l’émotion est aussi visible qu’une source à fleur de terre. ».

"Salon des indépendants" dans La France Active, 1926

Les critiques sont unanimes. Dès sa première exposition, l'État acquiert une première série de dessins et d'eaux-fortes, aujourd'hui conservés au Musée
Carnavalet et au Musée d'Île-de-France à Sceaux (Domaine  de Sceaux).


Les dessins de Renefer sont justes, vifs et considérés comme très modernes. Ses eaux-fortes sont réalisées avec une grande dextérité et contribueront à sa notoriété de graveur. Il en maîtrise toutes les facettes : eaux-fortes, lithographie et gravure sur bois.
 

Les expositions se succèdent et Renefer prend une place importante dans le cercle artistique de l’époque. Les galeries s'intéressent à lui et exposent ses dessins, aquarelles et huiles sur toile qui prennent progressivement une place de choix. La galerie Haussmann, rue de la Boëtie, organise sa première grande exposition de peintures en 1913. Intitulée Les Ponts de Paris, elle réunit 50 œuvres.

Renefer s'essaie aux dessins humoristiques et fait un aparté en tant que dessinateur de théâtre en collaborant longuement à la revue "Le Monde Artiste Illustré" avant le conflit de 14-18..
 

Pour sa peinture, les critiques d’art reconnaissent son talent et le situent entre C. Corot et  A. Marquet. Appréciant son souci des valeurs justes, son réalisme et sa sensibilité, ils le classent parmi les nouveaux peintres de la réalité à la suite des post-impressionnistes et dans la lignée des peintres qui, de Boudin à Lebourg, honorèrent leur époque.

La vie d'artiste de ce jeune papa est foisonnante : la journée dans les rues de Paris, sur les quais, puis dans son atelier pour la réalisation de ses estampes, l'organisation des Salons, les expositions. Enfin, quelques soirées sont consacrées à l'illustration pour le théâtre.

« Renefer le connaît si bien, le vieux fleuve. Apte à dégager sans hésitation les seules dominantes indispensables et suffisantes, ce peintre – et ce graveur dont l’œuvre est énorme – allie la puissance et la délicatesse par des inexplicables sortilèges qui caractérisent les paroxysmes artistiques ».

"Salon des indépendants" dans La France Active, 1926

Sur tous les fronts

Mobilisé en 1914, pour ses compétences en architecture, gravure et dessin, il rejoint le régiment du Génie. Ses œuvres de guerre et ses correspon-
dances illustrées sont un témoignage universel et important. Renefer est décoré de la Croix de Guerre. Sa fille Belle Petite Monde habite alors chez sa grand-mère à Giverny où son grand-père Maurice Yvon a fait construire quelques villas.
La petite Raymonde y est alors scolarisée à l’époque où Monet entreprend la réalisation de la série des Nymphéas. Renefer la retrouve lors de ses permissions choisissant comme halte Vernon.
Après la guerre, il s'installe à Paris, avenue de Moscou avec Alexandrine Foco, sa marraine de guerre, comédienne de cabaret, en contrat avec les frères Isola. Il reprend son activité artistique avec succès et ses tableaux sont présentés dans les galeries de la rue de la Boétie, Galerie Reitlinger et Galerie Haussmann.
Ses expositions sont remarquées et ses œuvres sont recommandées par les critiques. Son dessin si fluide, sans artifice, décrit l'essentiel de ses contemporains, ses paysages invitent à la flânerie sous les caprices du temps. Chez lui, rien d'artificiel, toute son œuvre est issue de l'observation, une observation fine des hommes et des femmes qui l'entourent, des lumières, des reflets et des ombres si
intelligemment colorés. Sa palette subtile - créée d'harmonies, tantôt lumineuses, tantôt teintées d'une multitude d'ocres - s’appuie toujours sur une construction rigoureuse du sujet. Renefer est devenu un artiste reconnu et respecté. Il peint souvent en Bretagne où il se rend régulièrement. Les
œuvres bretonnes de Renefer sont encore à découvrir car elles se trouvent en grande majorité dans des collections privées.


Au lendemain de la guerre, Renefer entreprend l'enseignement à l'Ecole ABC,  rue Lincoln à Paris, au pieds des Champ-Elysées. Ce sera une activité importante de sa carrière. Dès 1919, avec le fondateur Max Gottschalk, il est développe l'enseignement de cette école par correspondance. Le succès de cette école par correspondance a de quoi surprendre : plus de  100 000 artistes amateurs ou confirmés suivront ses cours. Ce sera la plus importante école de dessin au monde ! Professeur principal durant plus de trois décennies, il écrit et publie d'innombrables textes sur l'art et les techniques artistiques dans les différentes revues et fascicules publiés par l’école ABC.
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Renefer est promu chevalier de la Légion d’honneur en 1928 pour ses talents de graveur et peintre, par le ministère de l'Instruction publique et des
Beaux-Arts. Cette année-là, il expose à la Galerie d'Art de Montparnasse, avec A. Lebourg, E. Marquet, P. Signac, A. Modigliani, G. Rouault, et à la Galerie Reitlinger, avec Mary Cassatt, A. Lebourg, H. Lebasque, etc. La région des futures Yvelines intéresse les peintres, en 1930, une restropective Lebourg et Dulac est organisée à Triel-sur-Seine, avec Marquet, Maximilien Luce, Vlaminck, Dunoyer de Ségonzac, Renefer, Lhote, Le Petit, etc.
 

Maître graveur, Renefer engage également une collaboration avec les éditeurs de la place de Paris.

Ses gravures sur bois, ses lithographies et ses eaux-fortes illustrent les ouvrages des plus grands auteurs littéraires de l’époque tels que Alphonse Daudet, Paul Morand, Pierre Loti, Claude Farrère, Colette, Henri Barbusse. Il en profite pour parcourir la France, la Grèce et l’Italie avec ses carnets de croquis.

L’éditeur Arthème Fayard fait appel à lui pour initier une nouvelle collection qui devient très populaire par ses gravures. C’est la collection du Livre de Demain qui réunira écrivains et artistes graveurs.

En 1928, il entre chez Flammarion en tant que directeur artistique. La collaboration avec le directeur Max Fisher durera plus de 10 ans. On demande à Renefer de proposer des illustrations et gravures qui permettront de magnifier les récits littéraires des auteurs maison. Il travaille alors avec de nombreux artistes et confrères et développe des collections. À titre personnel, il fournira des centaines d'illustrations.

La même année, sa fille Raymonde épouse en première noce, André Bassier, d’une famille de vignerons de Chanteloup-les-Vignes, ils s'installent à Triel-sur-Seine et donnent naissance en 1930 à un fils, Philippe, dont Renefer sera très proche.

L’artiste emménage rue Lemercier à Paris 17è dans une jolie maison qui dispose d’un petit atelier d’artiste donnant sur une cour intérieure. 

Entre 1932 et 1938, il travaille aussi dans un atelier de la toute nouvelle Cité Montmartre, rue Ordener.

« Renefer devient le « maître d’Andrésy » comme ses grands aînés furent le maître d’Aix ou le maître de Giverny. Dix-neuf toiles de cette exposition furent faites à Andrésy même, deux à Conflans, deux à Fin-d’Oise, huit à Asnières, une à Chanteloup, deux à Poissy, une à Argenteuil. Les autres viennent de Montmartre, de Clichy, de Bagnolet ou des quais parisiens, de Billancourt à l’Ile Saint-Louis ».

Galerie Javal & Bourdeau, exceptionnelle exposition de 53 toiles de Renefer, E.Tisserand, Paris 1931

Les Rivages de l'ouest Parisien

Il s'installe définitivement à Andrésy, avenue Maurice Bertaux, en 1942, dans une maison en surplomb de la Seine, achetée quelques années plus
tôt. Cela ne l’empêche pas de poursuivre ses activités à Paris, pour les Salons, l'école ABC et les éditeurs, particulièrement Flammarion. Aussi, il
met à profit ses compétences et ses relations du monde de l'art pour développer un salon, une académie d'art et une école populaire à Conflans-
Sainte-Honorine (page dédiée).

Il va poser son chevalet en remontant la Seine à Poissy, Bougival, Saint-Cloud, Argenteuil, Asnières, Clichy, Saint-Ouen, etc..

Très actif, Renefer apprécie d'être entouré d'amis artistes et de réaliser avec eux de belles choses. Il les réunit souvent dans des expositions et leur commande de nombreuses illustrations. Il recherche la qualité des émotions, des savoir-faire,
des dialogues. La richesse de son œuvre, de son parcours, de ses liens d'amitié avec les artistes, écrivains et éditeurs, mais aussi sa réussite en tant qu’enseignant, font de sa vie un itinéraire sans
doute unique. Sa générosité, mais aussi peut-être une certaine humilité observée chez plusieurs vétérans de la Grande Guerre, expliquent que Renefer n’ait pas fait la promotion de son œuvre et
n’a pas cherché systématiquement les honneurs ou la gloire. 

Trop peu reconnu aujourd’hui, les recherches documentaires permettent de retrouver les traces d'une vie dévouée à l'art. De très nombreux critiques ont présenté Renefer comme l’un de nos grands artistes français.

 

"Il s'égara dans les banlieues : suies, fumées, plâtras, baraquements vacillants de Vanves et de Malakoff, fanges de Javel, paysages d'usines noires, cahutes perdues dans des plaines lépreuses, galvaudeuses équivoques vautrées sur des « fortifs » poisseuses ou pelées, chantiers de démolition pareils à des villages détruits où les graminées, elles-mêmes, n'osent plus croître, cieux tragiques et pesants, - ou si clairs ! Il a fixé comme nul autre tout cela : par l'intensité de son talent, une beauté très spéciale mais très matérielle."

G. Normandy, La Gerbe 1920

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